Loi Alur : obligations et application en France en 2025

Femme professionnelle examinant un contrat de location au bureau

5 000 euros, c’est le tarif à verser lorsqu’un bail échappe à l’enregistrement dans plusieurs communes dès le 1er janvier 2025. Les locations meublées ne font plus figure d’exception : diagnostics techniques obligatoires, excepté pour les contrats éphémères de moins de quatre mois. Les charges récupérables évoluent, poussant la transparence à un niveau rarement atteint : preuves à l’appui, comptes de charges détaillés, les propriétaires doivent se plier à une rigueur accrue.Agents immobiliers et administrateurs de biens révisent d’urgence leurs contrats types et accélèrent la transmission d’informations aux locataires. Le plafonnement des loyers gagne du terrain dans plusieurs zones, tandis que la gestion des copropriétés vit son plus grand toilettage : assemblées générales, fonds de travaux, chaque rouage évolue.

Loi ALUR : comprendre ses origines et ses ambitions pour le logement en France

Le 24 mars 2014, la loi ALUR, portée par Cécile Duflot sous la présidence de François Hollande, bouleverse l’équilibre du marché immobilier français. Son objectif : fluidifier l’accès au logement, moderniser la gestion des copropriétés, renforcer la transparence de la relation bailleur-locataire et limiter l’emballement des loyers.

Dès l’origine, ce texte s’inscrit dans le sillage des grandes réformes du logement, comme la loi SRU. Il embrasse plusieurs chantiers : donner davantage de droits aux locataires, responsabiliser les propriétaires, imposer des pratiques transparentes et soutenir la rénovation énergétique. Sa technicité déroute parfois, mais ses impacts changent durablement la donne pour les baux d’habitation et la vie en copropriété.

Les grands axes de la loi s’articulent autour de plusieurs mesures phares :

  • Encadrement des loyers dans les secteurs à forte demande, via la constitution d’observatoires locaux
  • Modernisation de la gestion des copropriétés : registre national, fonds de travaux obligatoires, diagnostic technique global systématique
  • Renforcement des protections des locataires et dispositifs de prévention contre les expulsions
  • Soutien affirmé à la rénovation énergétique et action contre l’habitat dégradé

Depuis, la loi ALUR a jeté les bases de réformes plus récentes, telle la loi ÉLAN qui simplifie certains dispositifs, ou la loi Climat et Résilience qui vise la performance énergétique et la transformation des logements mal classés. Toute une génération de propriétaires, copropriétaires et locataires s’ajuste désormais à ce nouvel environnement normatif, repensé dans ses moindres détails.

Quelles obligations la loi ALUR impose-t-elle aux acteurs de l’immobilier en 2025 ?

En 2025, la loi ALUR amène syndics, copropriétaires et professionnels à serrer la vis. L’immatriculation au registre national orchestrée par l’ANAH devient obligatoire : aucun compromis possible, sans elle, la moindre vente d’un lot se retrouve bloquée d’office chez le notaire.

Place ensuite au fonds de travaux : il concerne les copropriétés de plus de 10 lots, avec une obligation de dédier 5 % du budget prévisionnel chaque année. Cette réserve collective finance travaux, sécurité et rénovation énergétique. Lors d’une cession, cette somme reste liée au lot : nul ne la récupère lors de la revente.

Autre pilier, le diagnostic technique global (DTG) : il devient incontournable pour les immeubles de plus de 10 ans nouvellement mis en copropriété ou concernés par des procédures d’insalubrité. À la clé : anticipation des travaux, analyse de la performance énergétique, simulation des coûts à prévoir.

Les syndics, eux, sont sommés de maintenir la barre : chaque copropriété de plus de 15 lots doit disposer de son compte bancaire dédié, l’accès aux documents se fait via un extranet accessible à tous les copropriétaires, la fiche synthétique de copropriété circule automatiquement, notamment lors de promesse de vente. Tout manquement peut même motiver la révocation du syndic lors de l’assemblée générale.

Du côté copropriétaire, rester simple observateur n’est plus envisageable : assurance habitation, participation active aux votes, choix des travaux, validation du fonds de travaux, ajustement éventuel du règlement. La gestion des immeubles collectifs se structure plus que jamais, chaque règlement de copropriété se voit renforcé et encadre aujourd’hui toutes les transactions immobilières.

Zoom sur les changements majeurs attendus pour les copropriétés et les locataires

Pour les copropriétés, les nouvelles règles serrent la gestion : extranet systématique, comptes séparés, diagnostics techniques globaux obligatoires. Les assemblées générales disposent de leviers plus puissants pour sélectionner des travaux de rénovation ou d’entretien. Les copropriétaires contribuent forcément au fonds de travaux, même en cas de vente, ce qui inscrit la gestion de l’immeuble sur la durée, sans rupture.

Concernant les locataires, la surveillance s’intensifie sur le marché à Paris, Lyon, Marseille et autres zones dites tendues. Les loyers se voient plafonnés grâce aux observatoires locaux, avec un réajustement chaque année : la fixation d’un chiffre doit désormais reposer sur des données vérifiables. Transparence et justification deviennent des maîtres-mots pour les bailleurs.

La garantie Visale offre une sécurité aux propriétaires et une chance d’accès au logement pour les plus fragiles. De leur côté, étudiants et salariés mobiles profitent du bail mobilité : une formule de 1 à 10 mois, sans dépôt de garantie, parfaitement adaptée aux parcours non linéaires.

À chaque étape, du syndic au locataire, chacun se retrouve face à des dispositifs resserrés. Visites, constitution du dossier, fixation du loyer : le moindre détail est désormais encadré, contrôlé, normé, sous l’œil exigeant des pouvoirs publics.

Couple discutant avec un gestionnaire immobilier devant un immeuble

Ce que la loi ALUR va concrètement changer dans vos démarches immobilières en 2025

Qu’on veuille acheter, louer ou vendre, la liste des nouvelles exigences s’allonge. Plus question de proposer un bien sans un diagnostic de performance énergétique (DPE) en règle, mentionné sur chaque annonce. Pour les logements classés F ou G, les possibilités de location se réduisent à peau de chagrin : limitations, voire interdictions, entrent en jeu.

Pour chaque copropriété, remise de la fiche synthétique et mise à disposition de l’extranet deviennent la norme. L’acheteur reçoit systématiquement toutes les données clés : aspects financiers, données techniques, montant du fonds de travaux associé au lot. Ce montant n’appartient plus au vendeur mais au collectif, même lors d’une mutation, et s’additionne aux frais classiques.

À retenir pour les transactions

Trois points méritent toute votre attention lors d’une transaction en 2025 :

  • DPE : toujours affiché sur l’annonce, il pèse sur la valeur du bien comme sur ses usages.
  • Honoraires d’agence : plafonds stricts selon la zone, accompagnés d’une transparence totale sur les prestations.
  • Droit de préemption urbain : les collectivités obtiennent une position prioritaire sur certaines ventes pour des opérations jugées d’intérêt public.

La notion de rénovation énergétique s’impose désormais dans la feuille de route de chaque copropriété : plan pluriannuel de travaux, diagnostic technique global, tout y passe pour les immeubles de plus de 10 ans. Acheter, louer, gérer : aujourd’hui chaque démarche implique un dossier technique complet, préparé dès le premier échange avec le futur occupant ou acquéreur.

En 2025, le logement ne se limite plus à un simple espace : il s’enrichit de droits, de devoirs et d’un équilibre réinventé entre habitants, propriétaires et collectivités. Reste à chacun de prendre position, car l’immobilier n’attend plus personne.

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